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La valse de l’hypersensibilité

Publié le 3/7/2021 4:35:26 PM par Claudia de Cassioprof


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Quand j’ai découvert que je suis une personne hypersensible, j’ai vécu un soulagement. Loin de moi l’idée de mettre une étiquette, mais bien de trouver les mots justes pour expliquer pourquoi je réagis fortement à mon environnement. Que l’on pense à l’aménagement, les bruits, la luminosité, l’ambiance, les personnes qui s’y trouvent, les émotions que je ressens et les expressions faciales des autres, tous les stimuli sont susceptibles de me placer dans une situation d’hyperstimulation et de m’épuiser. En tant que parent et intervenante auprès des jeunes, je juge qu’il est important d’en prendre conscience et de faire des choix pour, justement, éviter cet épuisement ; sans oublier que des élèves qui se trouvent dans nos classes sont, eux aussi, hypersensibles.

Dans ce premier article, je vous raconte une parcelle de ma vie privée qui m’a permis de découvrir mon hypersensibilité. Une toute petite partie de mon histoire de maman qui a toutefois une incidence sur mon rôle d’enseignante. Dans un second article, je partagerai éventuellement des moyens qui me sont personnellement utiles pour m’aider à respecter mon hypersensibilité.

Il était une fois…

Quand j’ai eu mon premier enfant, ma grossesse a été très difficile. J’avais refusé volontairement de remplir les papiers de la CNESST pour être retirée donc j’ai travaillé jusqu’à la toute fin dans des conditions, disons, intenses. Imaginez séparer des enfants qui se battent avec un ventre très arrondi de plus de 30 semaines de grossesse. Je l’ai fait. Et je vous épargne les autres histoires, j’en aurais assez pour un autre article de blogue! Femmes enceintes, signez vos papiers! Haha!

Bref, j’ai poussé ma limite à l’extrême et je suis une personne qui a toujours (TOUJOURS!) été très sensible aux changements hormonaux. (J’ai d’ailleurs déjà été hospitalisée pour avoir fait une réaction aux hormones de la pilule contraceptive. C’est ça… très sensible!) Ajoutez à tous ces éléments un rétablissement de césarienne très, très douloureux et vous obtiendrez… une dépression post-partum.

Tous les ingrédients étaient rassemblés pour faire un beau cocktail explosif.

Je ne me reconnaissais plus. J’étais constamment épuisée. Je rejetais mon bébé (ces lignes sont difficiles à écrire encore aujourd’hui). Mon mari ne savait plus sur quel pied danser. Après tout, lui aussi apprenait son nouveau rôle de papa, en même temps de me voir démolie en permanence.

Avec le temps, du soutien de mon entourage et une bonne consultation auprès de mon médecin de famille, j’ai remonté la pente. Mon coco demandait beaucoup d’attention, mais c’est tout ce que j’avais connu, en tant que maman, donc c’était ma « nouvelle » normalité.

Trois ans plus tard, j’étais fin prête à agrandir (et terminer!) la famille. Cette fois-ci, la sagesse l’emporte et je remplis les fameux papiers de la CNESST. Non immunisée contre la rubéole, je suis placée en retrait préventif. Dès que j’ai eu un suivi de grossesse, j’ai mentionné mon historique de dépression post-partum et on m’a pris en charge rapidement. C’est que, puisque j’en avais fait une à mon premier enfant, j’étais plus susceptible de revivre une dépression pour mon deuxième également.

Oh. Repasser par ces étapes. Ouf!

Dire que j’avais « peur » serait un euphémisme.

La grossesse se déroule somme toute très paisiblement. Je suis plus en forme qu’à mon premier. Je réussis mon AVAC (accouchement vaginal après césarienne). YEAH!

Mais, environ 6 semaines après mon accouchement, j’atterris dans le bureau de la psychiatre. J’avais peur, mes hormones étaient (encore une fois) déstabilisées (à l’infini, minimum!), mais la docteure devant moi est d’une douceur inégalée et m’écoute d’une oreille tendre et rassurante.

J’ai pleuré tout le long!

À la toute fin, elle se garde un moment pour partager avec moi ses conclusions et ses recommandations.

« Madame Turmel, bonne nouvelle! Vous ne faites pas de dépression post-partum, mais vous êtes hypersensible. »

Hypersensible?

La libération! C’est le sentiment qui m’habitait quand la psychiatre m’expliquait les grandes lignes de l’hypersensibilité. ENFIN! Des mots pour dire comment je réagis à mon environnement, comment je le traite. Des mots pour comprendre mes besoins et les expliquer aux autres.

Je suis hypersensible.

Dans la vie de tous les jours, ça veut dire que mon cerveau traite les informations plus en profondeur. TOUTES les informations. Que l’on pense aux sensations, aux émotions, à tous les stimuli de mon environnement ou à toutes les interactions sociales, j’analyse tout tout tout… tout le temps. Ceux qui me connaissent ne sont pas surpris… je n’arrête ja-mais!

Évidemment, de connaitre cette information (primordiale, disons-le ainsi) à propos de moi m’aide à mieux intervenir auprès des enfants. Quand il y a trop de sons, quand les jouets trainent partout, je suis inconfortable. Quand un élève ressent une émotion comme la tristesse ou la colère, c’est comme si je l’absorbais… de l’empathie amplifiée, tiens!

L’hypersensibilité est encore un sujet méconnu dans la société. Pourtant, 20% de la population aurait ce trait de caractère. Je suis donc loin d’être seule!

Quand les éditions de l’Homme m’ont offert un ouvrage de référence qui traite du sujet d’un point de vue parental, je me suis dit que ça pourrait être intéressant de partager mon expérience personnelle parce que peu de gens le font. Nécessairement, mon hypersensibilité me suit toujours, autant dans mon rôle de parent que dans celui d’enseignante.

« Parents hypersensibles - Comment faire de votre émotivité un atout » a été écrit par Élaine N. Aron, une docteure spécialisée en hypersensibilité. Dans son ouvrage, elle traite à la fois de recherches, mais également de solutions pour mieux gérer son hypersensibilité au quotidien. Ce que j’aime particulièrement, c’est que l’autrice voit son hypersensibilité (elle-même est hypersensible) comme un atout et non une contrainte quand vient le moment d’intervenir auprès des enfants et de les éduquer.

Je n’ai pas encore terminé ma lecture, mais jusqu’à maintenant, j’appelle affectueusement ce livre « Mon mode d’emploi ». Il est parfait pour les intervenants qui s’intéressent au côté un peu plus « scientifique » des relations et des traits de caractère. Ces gens qui aiment comprendre les interactions des personnes avec leurs milieux.

Bien que je sois hypersensible depuis ma naissance, j’apprends encore à jongler avec ce trait de caractère au quotidien.

En double!

Vous vous souvenez, au début de ce texte, quand je racontais que mon premier bébé demandait beaucoup d’attention. Surprise! Mon fils était BABI (bébé aux besoins intenses) qui se traduit en une hypersensibilité.

Je suis convaincue que je peux aider mon grand garçon à comprendre ce trait de caractère comme j’aurais aimé le connaitre quand j’ai moi-même grandi. Je sais également que des enfants hypersensibles comme mon fils se retrouvent dans toutes les classes. 20% de la population, on se rappelle. Les moyens que je découvre tout au long de ma lecture seront donc réinvestis en classe, pour mon bien-être personnel, mais aussi pour ceux de quelques enfants qui croiseront mon chemin.

Mon fils et moi apprenons à valser avec l’hypersensibilité.

Parfois, on fait des collisions. D’autres fois, on se pile sur les pieds.

Mais la plupart du temps, on danse en symbiose comme si on ne faisait qu’un.